9 novembre 2017
Marie-Cécile Bérenger
La Provence

Les PME de la filière présentaient hier à Avignon leurs solutions à des clients potentiels institutionnels ou privés

Les PME pouvaient assurer la démonstration de leur solution hier à Avignon, face à leur clients potentiels, parmi lesquels EDF, Total, l'administration pénitentiaire, l'Armée...
PHOTO VALÉRIE SUAU

En cette fraîche matinée quelques drones isolés et inoffensifs s'aventurent sans crainte dans le ciel de l'aéroport d'Avignon. Pourtant une batterie d'engins pointée vers eux est fin prête à les neutraliser, depuis le sol. "En cas d'attaque massive par essaim de drones on peut même couper les moteurs", précise Éric Georges, président et fondateur de Roboost, l'une des entreprises membres du consortium Spid qui regroupe aussi les Avignonnaises JCPX et SYT ou encore l'Aixoise Optimal tracking. Ces pépites d'ingéniosité, qui manient l'optronique, l'optique, et surtout la radiogoniométrie se sont alliées pour répondre à l'appel à projets lancé par l'Agence nationale de la recherche concernant la protection de zones sensibles vis-à-vis des drones aériens. Leur brique technologique, Drone blocker, faisait partie des solutions présentées hier dans le cadre du séminaire organisé par le Pôle Safe à Avignon, visant à faire se rencontrer les PME porteuses de procédés innovants, avec les futurs utilisateurs de ces inventions à haute valeur ajoutée.

Car si les drones de loisir ont envahi les rayons des magasins de hi-fi, en particulier à la période de Noël, ils sont aussi devenus très menaçants comme en attestent les témoignages des militaires de retour des théâtres d'opération au Moyen-Orient. "C'est un mode opératoire largement observé sur les champs de bataille, Daech utilise de petits drones pour larguer des grenades par exemple. On s'attend à être confronté à cette menace sur le territoire national", témoignait ainsi le général Georges Cholley qui a dirigé l'opération Chammal au Levant. Patrick Gomez, en charge des équipements technologiques et de l'innovation à la direction générale de l'administration pénitentiaire rappelait quant à lui les 13 survols d'établissements recensés depuis le début de l'année en France, dont trois ayant donné lieu à "livraison". " Nous nous faisons prêter des solutions", expliquait le haut fonctionnaire "c'est un marché pas assez mature, nous avons besoin d'expérimenter avant de rédiger un cahier des charges." Le calendrier dépendra quant à lui des budgets alloués...

Mais d'autres opportunités sont déjà là pour les PME. Drone blocker a ainsi été développée pour répondre à des acteurs comme le GIGN, soulignait Éric Georges, qui avait déjà tissé un réseau de clients potentiels autour de Survey copter vendue fin 2011 à Airbus group. Et la solution intéresse aujourd'hui des collectivités, soucieuses de sécuriser un évènement, de grands groupes industriels ou même un stade réputé de la région Paca..."Nous avons la capacité de récupérer la vidéo transmise par le drone, de prendre la main sur l'engin", résume le fondateur dont la technologie basée sur la détection de la transmission de données entre l'engin en vol et la station au sol, préfère le tracking au brouillage d'ondes, plus risqué pour les activités environnantes. De quoi séduire de potentiels clients institutionnels, avant tout soucieux de connaître l'origine de la menace, mais aussi de grands acteurs privés, qui devront demain, disposer d'outils sur mesure pour protéger leurs sites sensibles.